Le temple des champions

Visiter le musée olympique de Lausanne, c’est plonger dans plus d’un siècle d’exploits et de souvenirs sportifs, revivre l’histoire de la création des jeux modernes, sentir l’esprit olympique et (presque) toucher du doigt des reliques des plus beaux champions de notre époque. Bref, pour tout amateur de sport, un incontournable.

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Siège du Comité international olympique, Lausanne y abrite logiquement son musée, perché sur une colline face au lac. La visite commence dès l’extérieur avec une gigantesque fontaine qui marque le début d’un sentier grimpant jusqu’au musée, traversant un jardin de sculptures toutes dédiées à l’olympisme, des joueurs de football colorés de Niki de Saint Phalle à l’emblématique sculpture mouvante « Citius-Altius-Fortius » de Miguel Berrocal (reprenant la devise olympique « plus vite, plus haut, plus fort »), et de nombreuses autres.
C’est aussi un jardin de records, dont l’un amuse beaucoup les enfants (et les grands !) : tenter de battre Usain Bolt au 100 m, sur une vraie piste en tartan. Il suffit de se mettre dans les marques, de couper le faisceau du radar, et de tenter de rattraper les diodes qui s’allument le long de la piste pour signaler la position du champion du monde. Inutile de lutter, on comprend assez vite pourquoi le Jamaïcain est surnommé « la foudre ».

L’entrée du musée olympique met tout de suite dans l’ambiance : pour y pénétrer, il faut passer sous la barre de saut en hauteur franchie par Javier Sotomayor, record du monde de la discipline, à 2,45 m. OK, on pénètre clairement dans l’antre des champions.

Sur le côté, le baron Pierre de Coubertin veille sur le feu olympique.

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Billetterie, accueil sympa, vestiaire, photos autorisées, on est parti ! Le long de la rampe hélicoïdale qui conduit au début de la visite se déroulent des images emblématiques de la compétition olympique, puis on reprend les bases : la Grèce antique. Mini-films sur les épreuves, maquette interactive d’Olympie drôlement bien faite, la petite salle permet de rattraper ses cours d’histoire un peu oubliés, avant de faire un bond de 2500 ans pour retrouver la famille de Coubertin.

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Biographie express.
Issue d’une famille bourgeoise, le jeune Pierre se forge une solide culture et carrière sportive (il sera champion de France de tir au pistolet) en Angleterre, où le sport fait partie intégrante de l’éducation des jeunes britanniques. De retour au pays, il devient un ardent militant du sport scolaire et fait une rencontre décisive : l’abbé Didon, patron de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), une fédération omnisports très active à la fin du 19e siècle. Intégré à la direction du mouvement, le baron y militera pour la rénovation des jeux olympiques jusqu’à convaincre plusieurs pays à participer aux premiers jeux olympiques modernes à Athènes en 1896.
Dans cette deuxième salle, le musée réhabilite la mémoire de l’abbé Didon et de l’USFSA, un peu oubliés du mythe créé autour de Coubertin. Le premier est père de la formule « citius, altius, fortius » (dès 1891), qui sera reprise plus tard comme devise olympique par le baron.
Quant à l’USFSA (dissoute en 1920), son logo fait de deux anneaux entremêlés n’est pas sans rappeler les cinq anneaux olympiques dessinés par Coubertin en 1914…

Moment émouvant, on continue la visite en passant devant le premier drapeau olympique, hissé à Alexandrie le 5 avril 1914 (pour une manifestation sportive commémorant le rétablissement des JO). Détail qui tue, ce premier drapeau a été confectionné par les couturières du Bon marché, tout simplement parce que le baron habitait à côté du grand magasin parisien.

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Encore plus fort, juste derrière, c’est la salle des torches olympiques. Elles y sont toutes, de la première en 1936 pour les tristement célèbres jeux de Berlin jusqu’à la toute dorée de Londres en 2012. On y passerait des heures, à consulter les anecdotes de chacune sur l’écran interactif, à admirer les designs et les symboles de cet objet chaque fois réinventé. Celle d’un rouge éclatant de Montréal en 1976, la magnifique torche de Sydney en 2000 rappelant les formes de l’opéra (et que l’on peut voir en coupe pour comprendre son mécanisme), celle d’Athènes qui a fait le tour du monde des villes olympiques en 2004 ou encore, côté jeux d’hiver, le « sabre » de Sapporo en 1972, la mythique torche de Philippe Stark pour Albertville 1992 ou celle toute bleue de Turin en 2006. Souvenirs en pagaille…

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Retour sur terre ensuite avec une grande salle qui nous fait découvrir les artisans des jeux : les artistes qui ont réalisé les affiches, les couturiers créateurs des tenues officielles des volontaires, maillon indispensable à l’organisation des jeux, les architectes concepteurs des stades et villages olympiques, faisant œuvre d’aménagement du territoire dans les villes hôtes…
On retrouve aussi toute la dimension marketing des JO, avec les souvenirs, médailles et une belle collection de peluches des mascottes.

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Et le sport dans tout ça ? On y arrive ! Dernière étape dans une salle immersive pour une compilation des meilleurs moments des cérémonies d’ouverture des dernières olympiades. Casque sur les oreilles, écran à 180°, c’est le frisson assuré !

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Et enfin on arrive dans la salle aux trésors. Soit une immense salle ronde où sont exposées les reliques de dizaines de champions olympiques, pas tous médaillés d’ailleurs, mais c’est justement ça l’esprit olympique.
Impossible de décrire tout ces souvenirs, attachés à autant d’exploits. On vous a fait une petite sélection en photos.

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La visite se conclut un étage plus bas, sur le quotidien des athlètes au village olympique, entre vie au village, nutrition, technologie, tenues (ah tiens, un maillot d’Usain Bolt !) et même des sujets un peu plus sensibles comme le dopage ou la place des sponsors.

Juste avant de sortir, on passe enfin devant la collection de médailles olympiques (qui mériterait d’être mieux mise en valeur) et devant le podium de Sydney surmonté d’une maxime comme Pierre de Coubertin en avait le secret.

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En plus

  • Le site du musée : www.olympic.org/fr/musee
  • La bible de référence dans la collection « Que sais-je » : Les 100 histoires des Jeux olympiques, par Mustapha Kessous (PUF, 2012, 127 pages, 9,20 €)
  • Un webdoc interactif pour retrouver tout le contenu du musée chez soi : lien
  • Le Monde a retrouvé Eric Moussambani : lien