[Un an basque] 3/4 Road trip dans les terres, de Pampelune au Béarn

La Navarre est une « terre de diversité » comme le dit le slogan du tourisme local. Au nord, avec les Pyrénées, c’est la Navarre « blanche » avec ses petits villages en montagne et son pastoralisme. Au centre, autour de Pampelune la capitale, c’est la Navarre verte, avec ses grandes plaines agricoles. Enfin au sud, c’est la Navarre « ocre », en référence à la fois à la terre rouge du désert des Bardenas Reales, et à la couleur des pierres des villages, châteaux, forteresses et monastères qui dominent le paysage sur leurs oppidums. Non loin, c’est l’Aragon désertique sur des kilomètres jusqu’à Saragosse, puis les vertes montagnes du Béarn mystérieux. Alors on a pris la route.

Aux sources de l’Urederra

Située dans la sierra d’Urbasa, près de Zudaire au sud-ouest de Pampelune, la source de l’Urederra (« La belle eau », en basque) a été classée parc naturel en 1987. Avec un débit moyen de 4 000 litres d’eau par seconde, le rio a creusé des gouffres et des cascades au travers de la forêt, qui font ressembler l’endroit à un petit coin de Thaïlande. Dépaysement garanti, à moins d’une heure de route de Pampelune !

Les grottes formées par l’érosion ont été habitées par l’homme qui y a laissé sa trace sous forme de dolmens situés dans la partie haute de la source. La végétation et la faune y sont bien évidemment protégées.

Le chemin balisé suit le cours de l’Urederra à partir de Baquedano jusqu’à sa résurgence sous forme d’une immense cascade qui jaillit de la falaise, mais il est possible de trouver tout au long du rio, des petites criques de sable agréables pour passer quelques minutes de repos à l’ombre… et pourquoi pas de baignade dans une eau aussi pure que froide !

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Puente-la-Reina

À vingt-quatre kilomètres au sud de Pampelune sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, se trouve le petit village de Puente-la-Reina (Gares, en basque). Comme son nom l’indique, le principal intérêt de la localité est un pont qui permet aux pèlerins de traverser l’Arga. Ayant été le seul dans la région pendant très longtemps, ceci explique pourquoi les deux principaux chemins de pèlerinage venant du nord se retrouvent ici.

Le village ne vit ainsi que par et pour Saint-Jacques-de-Compostelle, ayant été fondé parmi d’autres en 1121 par Alphonse 1er le Batailleur dans le seul et unique but de peupler les bords du chemin. Outre le pont, l’autre intérêt de la ville est donc le foisonnement d’églises, dont une abrite un crucifix en Y. On y trouve aussi une statue de Dieu lui-même tenant le globe.

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Olite

La petite ville d’Olite est située à mi-chemin entre Pamplona et Tudela, au centre de la Navarre. La visite de vieille ville donne un peu l’impression d’entrer chez Mickey, tant les efforts de restauration des bâtiments anciens sont voyants. Le château des rois de Navarre par exemple, a été quasiment entièrement détruit en 1813 par un incendie volontaire visant à empêcher les troupes napoléoniennes de s’en emparer. Ainsi, le château actuel est en réalité le fruit d’une restauration entamée au 20e siècle sous l’égide du gouvernement de Navarre dans le but de le reconstituer tel qu’il était au 15e siècle.

Du coup, même si l’aspect labyrinthique reflète bien ce que pouvait être un château du 15e siècle, on est un peu déçu de se promener dans ce qui ressemble plus à un décor qu’à un monument historique. Reste tout de même quelques éléments intéressants, comme le jardin suspendu de la reine ou le parvis de l’église.

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Artajona

Dans la série des villes sur leur piton rocheux, voici Artajona, avec ses murailles et ses hautes tours qui dominent l’horizon. L’ensemble défensif du 12e siècle n’est pas très impressionnant, mais il faut signaler qu’à l’époque le haut des murailles était en bois, dont il reste plus aucune trace aujourd’hui.

On regrettera surtout que l’ensemble des monuments, église comprise, soit en voie de « disneylandisation » à l’image de ce qui a déjà été réalisé à Olite. Dommage, car l’endroit a son charme, même avec quelques ruines…

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Monasterio de la Oliva

Dans les environs de Olite, au beau milieu de la plaine du nord des Bardenas Reales, se dresse le monastère de la Oliva entouré de ses vignes. L’église du 12e siècle est une copie conforme (en plus petite) de celle de Vézelay, mais c’est surtout le cloître roman récemment restauré qui vaut le déplacement.

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Les Bardenas Reales

Visiter les Bardenas Reales c’est un peu comme se promener dans un western spaghetti. Ces 42 500 hectares protégés du sud de la Navarre ont en effet été foulés par de nombreux acteurs, et pas des moins célèbres. James Bond lui-même (enfin, Pierce Brosman) y a par exemple tourné une scène pour « Le monde ne suffit pas » en compagnie de Sophie Marceau.

Mais les Bardenas Reales sont surtout une zone semi-désertique aride dont le relief spectaculaire a été formé par l’érosion des terres calcaires et argileuses. Longtemps propriété des rois de Navarre, elles sont aujourd’hui un parc naturel protégé au titre de l’Unesco, autant pour le paysage de canyons, plateaux et oasis que pour la biosphère qui s’y abrite. Grâce au microclimat qui y règne, la faune et sa flore locale sont en effet plus proches de celles du désert africain que des montagnes pyrénéennes toutes proches.

Les bergers qui y font paître leurs brebis en hiver depuis des lustres sont les seuls autorisés à exploiter la zone, le tourisme étant strictement réglementé. Le centre des Bardenas est occupé par un polygone de tir de l’OTAN où, paraît-il, les militaires américains sont venus s’entraîner avant de partir en Irak.

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L’ermitage de San Zolio

On peut parfois faire des belles découvertes par hasard. Ainsi, quelque part en bord de NA-534, se trouve une petite église qui n’est répertoriée ni sur la carte de la Navarre, ni sur le Guide du routard.

L’endroit semble totalement à l’abandon, bien qu’il y ait une aire de repos juste à coté. Le porche latéral est le seul élément à avoir subi une restauration. Un petit rio coule en bas de la cour, qui semble avoir été fortifiée il y a bien longtemps. Après quelques recherches de retour à la maison, on découvre qu’il s’agit de l’ermitage de San Zolio, une petite merveille bien cachée.

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Ujué

Perchée sur son promontoire qui domine tous les alentours, le village d’Ujué (Uxue, en basque) ne peut pas renier son passé de place forte. Les rois de Navarre y ont en effet installé une forteresse dès le 10e siècle pour faire face aux Maures et autres menaces venues de l’Aragon tout proche.

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Zaragoza… sous la pluie

Penser que Zaragoza, capitale de l’Aragon, n’est rien d’autre qu’une ville neuve avec ses grands boulevards conçus pour les voitures, c’est oublier que le site est occupé depuis déjà plusieurs millénaires. En l’an 14 avant notre ère, les romains ont en effet fondé ici la ville Caesaraugusta, dont on retrouve les traces mises au jour par des récentes campagnes de fouilles. Outre le théâtre, les archéologues ont également retrouvé des restes du forum, du port fluvial, des thermes, ainsi qu’un bout de muraille. Bien plus tard, les wisigoths sont arrivés, puis les musulmans, en 714. Ceux-ci nous ont notamment laissé le grand palais de l’Aljafería avec son enceinte fortifiée. La ville porte alors le nom de Medina Albaida Saraqusta. Enfin, avec la reconquista en 1118, les espagnols prennent définitivement possession de la ville, qui prend alors son nom actuel. Au passage, l’Aljafería subit alors différents aménagements et devient le palais des rois catholiques avant d’accueillir, aujourd’hui, le parlement aragonais (« los Cortes de Aragón »).

Aujourd’hui, Zaragoza est essentiellement connue pour abriter la basilique de Pilar (il paraît que la Vierge y a fait une petite apparition, ce qui donne lieu à des célébrations annuelles, le jour de Dia de la Hispanidad, rappelez-vous). La ville s’est par ailleurs tournée toute entière vers l’organisation de la prochaine exposition internationale Zaragoza 2008, ayant pour thème central l’eau en tant que ressource naturelle à protéger pour les générations futures.

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Le col du Somport

Partie intégrante du département des Pyrénées-Atlantiques, le Béarn n’en est pas moins différent du reste du pays basque. Cette différence réside avant tout dans le langage, le béarnais prenant ses origines dans l’occitan, et non dans l’euskera.

Venant d’Espagne, la route la plus simple pour entrer en Béarn depuis l’Aragon passe par le fameux col du Somport (1 650 mètres) et la vallée d’Aspe. C’est le royaume des forêts, des torrents et des moutons, de la vraie montagne pyrénéenne !

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Gorges de Kakouetta

La région de la Soule (à l’est du Béarn) est le royaume des canyons, formés au fil des millénaires par les torrents descendus des glaciers et les eaux souterraines. Les gorges de Kakouetta font partie des plus célèbres balades de la région. Entourés de falaises de plus de 200 mètres de haut, on remonte le torrent jusqu’à sa résurgence, une immense cascade sortie d’un trou béant dans la paroi (il parait qu’aujourd’hui encore, « seuls » 370 kilomètres de galerie sont explorés en amont de la cascade !).

La végétation luxuriante et l’humidité donne parfois l’impression de marcher dans une forêt tropicale… peuplée de salamandres, truites et autres tritons !

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Le col d’Arette

Un peu plus à l’ouest sur les cimes, le col d’Arette-Pierre-Saint-Martin marque la frontière avec la Navarre. Bien qu’étant à la même altitude que le Somport, la végétation y est bien plus rase, et le paysage beaucoup plus sec et rocailleux. Nous y passons à la tombée du jour pour rentrer à Pampelune.

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Bon à savoir

Contrairement au premier périple de ce voyage en terres basques, celui-ci ne peut ne faire qu’en voiture, mais c’est indispensable pour découvrir une variété de paysages incroyables à quelques kilomètres de distance l’un de l’autre. Pampelune est un bon « camp de base » pour rayonner en Navarre quelques jours, puis Saragosse pour repartir au Béarn le lendemain.


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