Jouer dans le Jura

Dans le Jura, le jouet est une institution, et une histoire. Mais cette année, c’est le Lego, créé 1230 km plus au nord, qui est mis à l’honneur au musée du jouet de Moirans-en-Montagne.

Avant de retrouver la petite brique emblématique, on fait un tour dans les étages pour découvrir la très riche collection permanente du musée, décomposée en cinq chapitres, dont le premier est consacré aux jeux d’intérieur. Saviez-vous que Sophie la girafe est fabriquée en Haute-Savoie, est offerte à 60% des enfants en France, et tient son nom de la fête célébrée le jour de sa première sortie d’usine, le 25 mai 1961 ?

Naviguant dans les jouets et époques, on apprend plein de petites anecdotes de ce type. Au début du siècle, les jouets mécaniques bon marché sont appelés les « petits Martin », en référence à leur créateur Ferdinand Martin. C’est à la même époque que naissent les jeux de quat’sous en fer blanc, vendus dans les rues et ancêtres de nos jouets en plastoc trouvés dans les œufs Kinder ou les HappyMeal.

Les trains et les petites voitures évoquent les progrès techniques de chaque époque. Dès les années 1920, André Citroën y voit un moyen de sensibiliser les enfants à sa marque et d’influencer les parents par ricochet. Saviez-vous que Majorette a été créée en 1945 à Lyon sous le nom de Norev, anagramme du nom de son fondateur Émile Veron ?

Les poupées (qui existent dès l’Antiquité) permettent d’évoquer la sexualisation des jouets et leur rôle de transmission des valeurs et codes sociaux de chaque époque : aux petits garçons les soldats et les voitures, aux petites filles les poupées et les dînettes. On découvre aussi l’origine des poupées qui louchent : de 1900 à 1915, les têtes en porcelaine des principaux fabricants français étaient confectionnées en Allemagne, patrie de la poupée. Mais en raison d’un écartement différent des yeux entre les deux pays, toute une génération de poupons a été marquée de strabisme !

Fabriqué par JeuJura, le chalet forestier est l’emblème du jeu de construction en bois, le premier jouet éducatif, comme le sont les jeux d’identification puis les jeux de société, qui apprennent le respect des règles et du vivre ensemble.

Le deuxième chapitre de l’exposition est consacré aux jouets d’extérieur : cerfs-volants, jeux de ballon, jeux de récréation ou même jeux de bistrot (dont la mythique grenouille), on joue en tout temps, en tout lieu et à tout âge !

Le troisième chapitre nous ramène à l’origine du musée et la fabrication du jouet, dans le Jura et ailleurs. Au départ est le tour à bois et la toupie, puis les moulages de céramique des poupons et enfin le plastique injecté qui démocratise le jouet dans les années 1960 et démultiplie les possibilités de création. Saviez-vous que Smoby, leader européen du jouet, a été fondée et a toujours son siège social à quelques kilomètres du musée ?

Le quatrième chapitre nous emmène dans la fabrique de l’imaginaire, essence même du jouet. Grâce à lui, l’enfant se raconte des histoires, fait travailler sa créativité et son imagination. Les « garages africains » en sont un symbole encore bien vivant, où des groupes de cinq à six garçons excellent dans la construction de petites voitures par assemblage de matériaux de récupération.

Place enfin à l’exposition temporaire, qui nous compte en détail toute l’histoire de Lego, dont le 60e anniversaire est en 2018. Saviez-vous que Lego vient de Leg GOdt « joue bien » en danois ? Et que par un heureux hasard « lego » signifie aussi « j’assemble » en latin, ce que son créateur Ole Kirk Kristiansen ignorait ?

Sans refaire toute l’histoire de la petite brique (que les sites de fans racontent par dizaines), on retient que les premières villes « Lego » étaient à l’échelle 1/87e, dite H0, celle du modélisme ferroviaire. Si le brevet de la brique de base date de 1958, les « mini figurines » n’ont vu le jour que 20 ans plus tard. La plus chère serait celle de C3PO, en or 14 carats et glissée aléatoirement à dix mille exemplaires dans les boîtes Star Wars en 2007, pour les 30 ans de la saga.

L’exposition se conclut par plusieurs diorama géants prêtés au musée par des fans créatifs… et patients !


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