On a surfé les mondes flottants

Attention spoilers : ne lisez pas cet article si vous projetez d’aller à la biennale d’art contemporain de Lyon 2017 !

Il y a des biennales plus réussies que d’autres, et « Les Mondes flottants » fait assurément partie des bons crus. On expérimente, on ressent, on s’interroge, on s’étonne… on réfléchit aussi, mais sans se faire mal à la tête (et c’est plutôt bien en fin d’année). Si le thème des migrations sert de fil rouge à de nombreuses oeuvres, cette biennale reste résolument positive en évitant soigneusement de tomber dans une moralité morbide.

Direction la Sucrière tout d’abord, lieu des oeuvres les plus monumentales. On est accueilli par une vague de soie blanche, qu’entourent des oiseaux de béton, un sous-marin de sable et un étrange réseau aquatique. Massifs, les débris de mâchefer entassés par Lara Almarcegui proviennent de la destruction de la halle Girard, datant de 1857 et située à quelques mètres de là.

On passe ensuite dans un des deux silos où se trouve l’oeuvre emblématique de ces mondes flottants : Sonic Fountain de l’américain Doug Aitken. Des sons s’échappent d’un trou d’eau laiteuse, creusé directement dans le sol, au rythme des gouttes qui tombent du plafond, selon un rythme contrôlé par ordinateur. Perturbant, envoutant, étonnant.

Sur la mezzanine, se côtoient un immense sac plastique noir (symbole de nos déchets qui empirent ?), des souvenirs des luttes de 1968 à travers le monde, un portrait photographique d’Algérie, ou d’étranges cymbales de verre.

Enfin, au dernier niveau, se déploie un dispositif étonnant de Berger&Berger, accueillant plusieurs artistes.

Le musée d’art contemporain de Lyon accueille traditionnellement des oeuvres plus fragiles, moins « tout terrain » qu’à la Sucrière, mais encore une fois avec succès.

On y découvre des installations sonores de David Tudor, un grand Love To tracé à la craie sur un mur bleu, mais aussi une installation de la brésilienne Rivane Neuenschwander, qui invite le visiteur à composer un poème avec des mots imprimés sur des bouts de tissus, à la manière d’un cadavre exquis avec des étiquettes de vêtements bon marché (en cette fin de biennale, seul le mot « deuil » est resté sur le carreau, les visiteurs sont finalement plutôt optimistes).

Dans une autre salle, Ján Mancuska nous raconte l’histoire de Dan (qui a un peu trop bu) à travers des caractères en métal, un peu comme un journaliste du début du siècle qui composerait sa brève de comptoir à partir de différents points de vue.

L’étage suivant nous accueille avec un mobile géant d’Alexandre Calder, au style reconnaissable entre mille, qui côtoie les architectures éphémères et colorées d’Ernesto Neto et un tapis de fleurs de l’américaine Jill Magid.

Le dernier étage est consacré à plusieurs œuvres lumineuses, dont une évocation des phases de la Lune par Dominique Blais… avec le concours involontaire de La Poste (mais on vous laisse quelques surprises !).

La biennale d’art contemporain de Lyon fermera ses portes le 7 janvier 2018.


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