[Milano Lomo] Jour 1 – en ville

Milan, la Lombardie, les grands lacs… Allez savoir pourquoi, mais l’Italie du nord évoque chez moi une image un peu surannée, qui fleure bon les années 70-80. Du coup, lorsqu’il a été question de se lancer dans un projet ayant pour thème la photographie lo-fi, la destination s’est imposée d’elle-même.

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Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant à Milan. Embarqué dans la navette de l’aéroport, la traversée des faubourgs ne ressemble à rien de connu en Italie : évidemment pas la Toscane de Florence, encore moins Venise, et pas même Rome non plus. En fait, on était bien dans le thème du voyage : le style des immeubles, les grandes avenues pleines de voitures, les alignements de constructions sans charme… tout rappelle ce mouvement urbanistique des années 70-80 qu’on a appelé la Tendenza en Italie, et dont l’un des pères est justement milanais.
L’autre choc architectural de cette arrivée est la Stazione centrale, imposant son style mussolinien. Massive, on y rentre par un parvis fermé d’une vingtaine de mètres de hauteur, avant d’accéder aux grands escaliers droits qui montent au second étage où se trouvent les voies.

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Le principe quand tu arrives dans un lieu inconnu est de suivre la foule, qui sait très bien où elle va, dans 99 % des cas au même endroit que toi. Ici, c’était le métro. Avec 1,3 millions de milanais, ça serait pas de bol de ne pas en avoir un qui descend du bus de la gare centrale au même moment que toi. Quoique, à 8h du soir en plein mois d’août, le métro milanais est aussi vide que son homologue parisien.

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On fera le même constat le lendemain matin quand, après un café vite avalé, on découvre une capitale régionale un peu au ralenti en sillonnant les rues encore fraîches en direction du Duomo. On croise des gens à vélo allant travailler et des mamies qui promènent le chien en allant chercher le journal (une institution, et comme partout en Italie, il pèse une tonne).

Jour 1 – en ville

De bon matin, on entre au Duomo sans attente. Nouveau choc : alors qu’elle est couverte d’un marbre blanc très lumineux à l’extérieur, la cathédrale est noire et très sombre à l’intérieur. Des projecteurs de stade de foot accrochés au sommet de la nef permettent d’y remédier.
Le Duomo de Milan est immense, pas autant que Saint-Pierre-de-Rome mais presque, avec ses cinq vaisseaux et 52 énormes piliers. Des tableaux monumentaux sont accrochés entre chaque. Les vitraux sont à l’avenant, immenses et superbes, en particulier dans le déambulatoire.

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La montée sur le toit est vraiment une bonne expérience. Assez perturbante au début toutefois, car l’étroit petit escalier qui tourne toutes les trois marches plus de 80 fois de suite donne rapidement le tournis et fait perdre tout sens de l’orientation. Claustrophobes s’abstenir.
Puis on longe le côté gauche du Duomo, juste au-dessus du collatéral, et on grimpe encore quelques marches à l’extérieur pour arriver sur un toit en pente douce, lui aussi recouvert d’un marbre blanc éblouissant.

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Juchés sur des bancs en pierre installés au faîte du toit, les touristes font tous la même photo de cette vaste esplanade, souriant dos à la perspective. Sur le côté droit, impossible de manquer la Torre Velasca et son architecture très « tour de la terreur » de Disney, typique du courant rationaliste des années 50. Avec son style très brutal, elle détonne dans la skyline milanaise, face aux immeubles modernes de verre et d’acier qui s’élèvent de l’autre côté du Duomo vers le nord, un plus loin que la galerie Victor-Emmanuel II toute proche avec son immense dôme.

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On y redescend chercher un peu d’ombre lorsque la chaleur commence à devenir étouffante sur les dalles de marbre de la cathédrale. La galerie, évidemment bondée, est l’autre monument incontournable de Milan, autant pour ces boutiques que pour son architecture. Au centre, quatre blasons partent vers chacun de ses bras. L’un d’eux représente un lion sur fond bleu, dont il paraît que lui piétiner les parties porte bonheur. La légende diffère toutefois selon les interprétations, les guides recommandant aux touristes de tourner trois fois sur la bête en faisant un selfie quand les milanais se contentent de bien appuyer le talon là où il faut sans ralentir leur marche.

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La galerie Victor-Emmanuel II débouche sur la petite piazza Scala et son célèbre théâtre qui attire à lui toute la lumière (et les touristes). Un peu en retrait, on découvre un musée indiqué sur aucun guide touristique. Peut-être parce qu’il appartient à une banque et qu’il abrite la collection d’une fondation privée ? Peut-être également car il paraît assez récent. La Gallerie d’Italia se déploie dans deux palais superbement restaurés, avec une muséographie sobre, bien pensée et bien éclairée.
La collection (100 % italienne évidemment) couvre essentiellement le 19e siècle et présente des peintures toutes plus belles les unes que les autres. On sent que le (les ?) collectionneur a voulu se faire plaisir. Les scènes de rues milanaises sont remarquables (l’annonce de la mort de Victor-Emmanuel II par Emilio Magistretti, plusieurs tableaux sur les navigli – dont on reparlera…), idem pour les paysages, avec une superbe série sur la montagne et sur les grands lacs – où l’on ira également faire un tour plus tard). Bonne introduction à la suite de mon voyage. Peu connu, le musée est désert. Dommage, car l’entrée est gratuite pour tous.

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On a du mal à le croire aujourd’hui, mais à une époque pas si lointaine, Milan était traversée par des canaux (les navigli), pour la plupart désormais recouverts. Ils ont notamment servi à amener sur place tout le marbre nécessaire à la construction du Duomo, ce qui explique qu’ils coulent de l’extérieur vers le centre de la ville.
Au sud de Milan, le naviglio grande se donne un faux air de Venise, avec ses rives bordées de restaurants aux terrasses vides encadrées de serveurs attendant le chaland. En fin de journée, c’est un rendez-vous prisé des touristes, mais assez peu des milanais visiblement.

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