Lancebranlette avant le Lac sans fond

Une journée au-dessus du col du Petit Saint-Bernard.

Si vous avez cliqué sur ce titre en espérant une histoire croustillante, c’est raté ! Si le nom fait sourire, son étymologie est toute simple : en savoyard, « lance » (ou « lanche ») désigne un pré en pente et « branlette » est le nom local de la ciboulette sauvage. Par extension, « lancebranlette » désignerait l’ail des ours, plante commune dans ces alpages.

Le départ de la rando se fait depuis le col du Petit Saint-Bernard, au pied de l’hospice du même nom, qui sépare la France de l’Italie (on y retournera plus tard, il y a plein de choses à raconter sur cet endroit). La balade jusqu’au Lac sans fond est familiale est très courue l’été. Il faut donc partir tôt pour éviter la foule, même s’il y a déjà un peu de monde à 8h30 à mon arrivée.

Passé un petit ruisseau, le chemin est bien balisé, et monte en serpentins dans l’alpage avec le col en contre-bas, le jardin botanique de Chanousia juste en face, et la frontière pas très loin. De la neige subsiste encore sur les faces nord en cette mi-août.

Après une petite heure de montée, on arrive à la bifurcation entre le sentier du lac et celui menant au sommet. On attaque alors une montée dans un pierrier de schiste coupante qui flirte avec une arrête rocheuse dominant le lac.

La température chute brutalement lorsque l’on arrive dans une croupe herbeuse qui permet de gravir les 200 derniers mètres avant le sommet, symbolisé par une plaque émaillée du Touring Club de France.

La vue à 360° est à couper le souffle, sur la Haute-Tarentaise côté français et la vallée d’Aoste côté italien. A travers les frontières, le massif du Mont-Blanc reste malheureusement dans la brume.

Il faut être certain de ses pieds pour gravir jusqu’au cairn sommital de Lancebranlette quelques mètres plus haut, et on ne fait pas le malin une fois en haut, entouré de vide sur trois côtés. Mais quelle vue ! La lumière du jour, entre brouillard et éclaircies, donne aux paysages des couleurs à la Game of Thrones.

En contrebas, le Lac sans fond, dominé par la pointe éponyme, commence à recevoir ses premiers visiteurs matinaux, et le vent glacial du sommet n’incite pas au pique-nique.

La descente se fait par le même et unique chemin dans l’herbe, puis le schiste, avant de rejoindre le sentier facile qui mène jusqu’au lac. Un peu moins de trois heures après le départ, c’est enfin la pause, au milieu des vaches, et face au névé qui ne quitte jamais la face exposée au nord (mais pour combien de temps encore…).

Après la sieste, le chemin du retour nécessite de contourner le lac et de traverser le ruisseau à gué avant de le suivre presque jusque en bas. Cet itinéraire est assez peu fréquenté et moins sauvage, sur une piste desservant des alpages exploités. Une nouvelle traversée de ruisseau plus bas, et l’on atteint le point le plus bas de la randonnée. L’hospice se dresse en face, une vingtaine de mètres plus haut.


En plus

  • Le topo-guide de la randonnée sur Visorando.
  • A lire : Le Petit-Saint-Bernard : le « Mystère », le col, les routes, l’hospice, les voyageurs. par F. Gex – Chambéry, Dardel 1924, disponible sur le site Gallica de la BNF.