Grand écart culturel à Paris, de Jeff à Sébastien

Il fait gris en ce mois de février sur Paris, l’occasion de se réfugier dans les musées. Au programme du jour, un grand écart historique et culturel : la rétrospective de Jeff Koons et les maquettes des citadelles de Vauban.

Jeff Koons au Centre Pompidou

On l’adore ou on le déteste, on le considère comme un génie ou un formidable escroc. Bref, Jeff Koons est un artiste. Le Centre Pompidou lui offre sa première rétrospective européenne, 28 ans après avoir l’avoir accueilli une première fois en 1987 pour une exposition temporaire sur les jeunes artistes en devenir.

Chronologique, cette exposition permet de comprendre tout le chemin que Koons a parcouru avant d’arriver à ses oeuvres les plus célèbres (et controversées). Dans les années 1980, il réalise notamment une série de « ready-made » à la manière de Marcel Duchamp, en plaçant en vitrine une série d’aspirateurs de marque Hoover. En 1985, il pousse le concept un peu plus loin, en faisant flotter des ballons de basket dans une solution liquide (on raconte qu’il a demandé conseil à un prix Nobel de physique pour concevoir cette oeuvre totalement déroutante – oui, le ballon flotte, il n’est pas figé, juste en immobile et en suspension).

One Ball Total Equilibrium Tank (Spalding Dr. J 241 Series)

Un an après, il conçoit son Rabbit (celui-là même qui avait été exposé à Beaubourg en 1987), prémices d’une série d’oeuvres faisant passer l’acier pour du plastique. Mais il continue d’explorer la statuaire pendant encore quelques années et produit une autre oeuvre iconique, Michael Jackson and Bubbles, en céramique.

Les années 1990 sont celles de ses Inflatable les plus célèbres : Balloon Dog (Magenta) (appartenant à François Pinault), Hanging Heart (également vu à Venise dans la collection Pinault), mais également le homard suspendu Lobster qui avait fait scandale à Versailles, ou encore (dans la même série mais un autre style) Cat on a Clothesline.

Une de ses dernières séries nommée Gazing Ball met en scène des reproductions en plâtre de sculptures antiques sur lesquelles un Inflatable semble délicatement posé.

En sortant de l’exposition, la grisaille ne s’étant toujours pas levée, on en profite pour faire un petit tour dans les collections permanentes du musée, à la rencontre d’autres grands noms de l’art contemporain.

Le musée des plans reliefs

Situé dans un grenier de l’Hôtel des Invalides, au-dessus du musée de l’Armée, le tout petit musée des plans-reliefs abrite les maquettes de places fortes françaises réalisées à l’initiative du marquis de Louvois, le ministre de la guerre de Louis XIV.

Essentiellement faits de bois, de papier mâché et de tissu, ces plans géants (mais tous réalisés à une échelle identique) sont composés de plusieurs « tables » qui s’assemblent parfaitement, afin de pouvoir être démontés et transportés facilement. C’est assez extraordinaire de penser que des éléments si fragiles aient pu traverser le temps, les changements de régimes et bien d’autres choses encore qui auraient pu les faire disparaître.

Conçues comme un outil stratégique pour le roi et son État-major, ces maquettes se présentent essentiellement de places fortes réalisées par Vauban pour assurer la défense du royaume. On fait ainsi un joli tour de France, de la méditerranée à la côte atlantique, en passant par les Pyrénées.

Plan-relief de Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales)
Plan-relief du fort Pâté de Blaye (Gironde)
Plan-relief de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime)

Tout au bout de la galerie, on découvre enfin la maquette du Mont-Saint-Michel, réalisée par les moines de l’abbaye eux-mêmes. Recouvertes par la poussière accumulée au fil du temps, on croirait les maquettes représentées sous la neige.

En fin de journée, la pluie semble s’être enfin arrêtée. On en profite pour faire un petit tour en plein air avant de repartir, passant par Notre-Dame puis la pyramide du Louvre, zébrée de l’éclair rouge de l’artiste nivernais Claude Lévêque.


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