[Presque seul à Venise] Jour 3 – on prend le bateau

C’est lorsque l’on découvre enfin des lieux plus calmes et à l’écart de la foule qu’il faut déjà repartir.

Sur les grandes distances, et pour aller sur certaines îles de toute façon inaccessibles autrement, le meilleur moyen de se déplacer est le vaporetto, le bateau-bus local. Au prix du ticket (6,50 € le trajet), mieux vaut prendre un billet à la journée (12h ou 24h) qui est beaucoup plus rentable. Et puis ça permet d’en faire plus souvent, c’est marrant (un truc de gosse, en fait). On a l’impression de faire comme les vénitiens, alors qu’en réalité ils ne l’utilisent jamais, sauf quand ils ne peuvent pas faire autrement. A ce propos, j’ai appris un truc marrant dans mon Lonely planet : il y a, en permanence, quelque soit le jour de l’année, plus de touristes à Venise que d’habitants (60 000 aujourd’hui, et jusqu’à 125 000 à son apogée).

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Ancienne île populaire et industrielle, la Giudecca est en voie de boboïsation, le symbole le plus fort étant la reconversion des anciens moulins en hôtel de luxe par le groupe Hilton. Cet ancien complexe industriel est immense, tout en brique rouge, avec de grandes fenêtres en acier, une haute cheminée, et une multitude d’annexes autour du bâtiment principal. Partout dans les arrières-cours, des employés en livrée blanche s’activent avec des chariots, de la vaisselle… Le lieu est des plus chics, avec des bateaux-taxis en acajou qui attendent sur le ponton privé.

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Tout à l’ouest, la Sacca Fisola, qu’un seul pont dessert, a conservé son caractère populaire, et abrite aujourd’hui encore des immeubles type HLM, plutôt modernes. Lorsque l’on continue sur le quai principal à l’est, on traverse des quartiers d’habitation où aucun touriste ne semble vouloir mettre le pied. Le linge sèche au milieu de la rue, des plantes grimpent sur les façades et des bancs attendent sur les perrons qu’on vienne y discuter dans la soirée. Des fois, une résidence toute en béton à peine terminée proclame sur une pancarte qu’elle attend ses futurs habitants, mais plus souvent, ce sont des anciens hangars ou immeubles qui sont en cours de réfection, autour de galeries d’art contemporain ou des bars branchés tout juste inaugurés.
Quoi qu’on fasse pour s’enfoncer dans l’intérieur de l’île, on revient toujours sur le quai nord, face au reste de la cité, car c’est le seul qui traverse la Guidera de bout en bout, et où se trouvent les seuls ponts pour traverser les grands canaux.

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Il faut reprendre le vaporetto pour aller sur l’isola di San Giorgio Maggiore, quasiment entièrement occupée par une église devenue célèbre grâce à sa façade de marbre blanc faisant face à la place Saint-Marc. Fait rare à Venise, son entrée est gratuite, et seul l’accès au campanile nécessite de s’acquitter de 3 €.
Le lieu n’attire pas franchement la foule, et c’est son premier intérêt. Un autre est son architecture, massive et d’un blanc éclatant. Le constructeur, le sieur Antonio Palladio, l’a voulu éblouissante, et il ne s’est pas loupé. L’intérieur est également très lumineux, ce qui tranche avec les églises sombres du reste de la ville. On y croise une « Cène » du Tintoret sur le côté droit de l’autel, ce qui encore un autre de ses atouts, le dernier étant donc le campanile qui offre une vue splendide (et non grillagée) sur toute la lagune. Un vrai plaisir.

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Le calme qui règne sur la Giudecca en fait un lieu très reposant, que l’on quitte à regrets.

Tout au centre de la lagune, et bien qu’il soit à deux pas d’un nombre impressionnant d’attractions touristiques, le quartier de San Polo est encore une autre ambiance. Certes, il y a toujours des ruelles étroites qui se suivent et s’entrecroisent, et des canaux à tout bout de champ. Mais je ne saurais décrire cette impression d’autre visage de Venise : plus sinueux, moins indiqué, plus caché, plus bordélique en fait. Point de canal emblématique pour se repérer, des rues droites qui vont de travers, des ponts en biais qui ne traversent pas en face, c’est bizarre.

C’est aussi plus étudiant, plus jeune, avec des petits bars qui ne payent pas de mine et la télé qui retransmet le Calcio, un « Pizza 2000 » face à une laverie, des jeunes qui boivent un coup sur les marches des escaliers… Mais tout ça dans un enchevêtrement de rues et de canaux impossibles, encore plus étroits que d’habitude, avec ces vieux immeubles très hauts. Mais comment font-ils pour déménager ?
Au détour d’un canal, je tombe sur le minuscule ponte delle Tette ou « pont des tétons ». D’après ce que j’en ai lu, il était en plein quartier rouge médiéval, et était le pont où les filles de joie se faisait de la réclame en montrant vous avez devinez quoi. Plus question de cela aujourd’hui, ni de quartier rouge tout court à deux pas du Rialto.

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En continuant vers le nord au-delà du Grand canal c’est le sestriere de Cannaregio. Encore une ambiance différente, assez jeune comme à San Polo, mais avec des rues beaucoup plus larges, plus modernes et colorées. C’est là que se trouve le « ghetto nuevo », le quartier juif, où l’on croise quelques orthodoxes portant papillotes et tenue traditionnelle.
Je suis redescendu alors par les grands quais et les petites rues vers Castello et son grand hôpital en brique (et son église en marbre) puis vers l’arsenal, entouré de ses grandes murailles de brique.

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De là, impossible de faire autrement que de retrouver la foule condensée des touristes sur les quais jusqu’à la place Saint-Marc, pour un dernier coup d’oeil avant le départ.

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