Panorama sur Aiguebelette

Admirer le plus beau panorama d’Aiguebelette se mérite ! On a chaussé les baskets à l’aube pour 6h de marche et mille mètres de dénivelé à l’assaut du Mont Grèle, qu’on aurait tord de résumer à ses pylônes.

Un premier passage à Aiguelette au printemps m’avait convaincu d’y retourner. C’est désormais chose faite en ce petit matin d’août. La randonnée part près de l’église du village d’Aiguelette-le-lac, juste après avoir traversé la voie ferrée, et s’enfonce rapidement dans la forêt, où il est facile de se perdre à de nombreux carrefours.
Au bout d’une heure, le sentier retrouve une route forestière, qu’il faut suivre un moment avant d’attaquer la partie la plus verticale de l’ascension jusqu’au sommet de l’Archelle, à 1 360 mètres d’altitude. Le premier point de vue est là, après plus de 2h d’effort et presque 950 mètres de dénivelée. Le paysage se dévoile vers le massif de Chartreuse au sud et la grande plaine du Rhône à l’ouest, le lac n’étant pas encore visible entièrement côté nord.

Le sentier continue de monter (plus tranquillement) pendant une demi-heure jusqu’au belvédère proprement dit, à 1 410 mètres d’altitude, où Aiguebelette se dévoile enfin en totalité.
Le panorama à 180 degrés donne cette fois largement sur le nord. On reconnaît facilement le Grand Colombier, puis la Dent du chat (gravie au printemps) et le lac du Bourget, que borde Aix-les-Bains, et même tout au fond le Salève, à la frontière Suisse.

La table d’orientation rappelle que l’on est bien au sud du massif du Jura, et non dans les Alpes qui débutent un peu plus loin à l’est. Elle nous donne aussi quelques indications géologiques sur la formation du lac, il y a 20 000 ans à peine, lors du retrait des glaciers (pour vous donner une idée, la grotte Chauvet était ornée depuis déjà 10 000 ans quand le lac s’est formé !).

Pour redescendre, on commence par rejoindre les fameux pylônes à haute-tension, d’où l’on bascule sur le flanc ouest du mont Grêle. Dès lors, plus de vue possible sur le lac (sauf vers la fin de l’itinéraire). On alterne les sentiers étroits et raides avec les routes forestières plus larges, sans manquer de se perdre à nouveau à certains carrefours (malgré la facilité apparente de l’itinéraire, une carte IGN n’est pas superflue pour éviter les petits détours).

Après 500 mètres de dénivelée, le sentier rejoint le col Saint-Michel, longtemps passage obligé entre la France d’un côté, et la Savoie et l’Italie du nord de l’autre. Le lieu semble être occupé depuis des siècles, par une construction romaine d’abord, puis par un temple païen. On découvre aujourd’hui essentiellement les ruines d’un hospice et d’une chapelle, et un sarcophage ayant contenu les restes de Saint-Germain, mort en Italie en 448.

En sortant (un peu) du sentier, on peut pousser jusqu’à un autre lieu historique, la grotte François 1er. La légende raconte que le roi était venu à Chambéry, vénérer le Saint Suaire (propriété de la maison de Savoie et déposé dans la chapelle du château). Au retour, un violent orage aurait contraint François 1er et sa cour à passer la nuit dans cet abri sous roche, qui fait aujourd’hui une halte à l’ombre pour les randonneurs.

Une dernière descente un peu raide permet de rejoindre le hameau des Allemands, sur les hauteurs d’Aiguebelette-le-lac, puis l’église du village, en suivant la route en lacets que le sentier coupe par moments. Après l’effort, le réconfort… au bord du lac.


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