Monsieur Tintin, rue du Labrador, Louvain-la-Neuve

À 30 mn de Bruxelles, Louvain-la-Neuve a une histoire et une architecture bien à elle. Elle abrite aussi le musée Hergé, terme de mon city-trip estival en Belgique.

Dans le parc situé juste au nord du centre urbain de Louvain-la-Neuve, auquel il est relié par une passerelle, se tient le musée Hergé. L’architecture conçue par Christian de Portzamparc tranche avec le reste de la ville, comme un bateau amarré à la cité. Il en conserve toutefois ses principes fondamentaux, perché sur ses pilotis et entouré de verdure.
On est accueilli par la silhouette de Tintin faisant face à la mer, dos au visiteur, face à une page blanche uniquement signée de la main d’Hergé, comme pour souligner le manque laissé par la disparition du créateur.

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La visite avec un audio-guide gratuit et bien réalisé sur iPod nous balade dans une trentaine de stations à travers les salles du musée, que l’on visite du 5e au 1er étage en suivant la chronologie de l’oeuvre. Il est conseillé d’avoir lu la biographie rédigée par Benoît Peters auparavant, histoire d’avoir quelques points de repère et de contexte.
Le musée n’évoque ainsi jamais la polémique autour de la « collaboration » de Georges Rémi avec le journal « Le Soir » du temps où il était tenu par les nazis ; ni ses épisodes de dépression qui ont conduit à sa rupture avec première épouse Germaine ; ni encore sa rencontre déterminante avec Fanny, une coloriste de ses studios de 20 ans sa cadette, qui deviendra sa deuxième et dernière épouse, en charge aujourd’hui de gérer le poids de son héritage à travers la toute puissante société Moulinsart.

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Si ce n’est l’absence de ces éléments de coulisses, le musée Hergé propose un parcours agréable et didactique, avec une muséographie bien pensée pour suivre le cheminement et les évolutions de l’oeuvre d’Hergé. On y passe deux heures sans problème (si ce n’est la climatisation glaciale) à observer les planches originales et publications d’époque qui constituent la majeure partie des collections.
De nombreux objets du dessinateurs ou, le plus souvent, de vrais-faux objets issus des aventures de Tintin agrémentent les salles d’exposition. Mention spéciale pour le grand lustre qui représente 128 personnages des 24 aventures publiées, soit autant de noms truffés de jeux de mots improbables.

Parmi les trésors assez méconnus, les travaux publicitaires de l’affichiste Hergé (dont une superbe affiche pour les sports d’hiver, malheureusement introuvable en fac-similé) et une planche de l’album inachevé du Thermozéro.

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Le bâtiment en lui-même est calme et reposant, avec ses passerelles et murs pastels dans le hall, qui contrastent avec les salles plus sombres. La visite, ponctuée de petits signes de Khi-Osk qui en deviennent mystérieux à force d’être répétés discrètement mais sans logique apparente, se termine par un sas tout rond composé des couvertures des albums de Tintin en différentes langues.
Face à l’entrée du sas, les albums au Tibet et du Lotus bleu (soit ceux où l’on retrouve Tchang, l’ami de Tintin et de son auteur) dessinent une croix chrétienne. Une conclusion en forme de mausolée, qui dégage malheureusement un sentiment de malaise, comme pour souligner encore une fois l’absence que la disparition d’Hergé a laissée à ceux, amis et collaborateurs, qui l’entouraient.

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En plus

  • Le site du musée Hergé : www.museeherge.com
  • Le site officiel de Tintin : www.tintin.com
  • La biographie de référence « Hergé, fils de Tintin » par Benoît Peeters (Flammarion, 2011, 642 pages, 10 €)
  • Le docu-fiction en forme d’enquête « La vie quotidienne à Moulinsart » par Thomas Sertillanges (Hachette, 1995, 206 pages, 105 FF)