La caverne pas mystérieuse

On a visité la réplique de la grotte Chauvet cet été, et on n’a pas kiffé. Mais on reviendra !

Avec nos sacs de 20 kg sur le dos, on était un peu en décalage avec le reste des visiteurs, en tout cas pas dans le ton. Ça a commencé à Vallon-Pont-d’Arc, ou l’on est arrivé après des heures de bus / TGV / TER. Dans la navette gratuite pour monter à la caverne, on était tout seuls. Sur le parking, c’était l’affluence des grandes vacances. La réplique a ouvert ses portes depuis quelques semaines à peine, et c’est le must see de l’été 2015 pour la moitié de la France qui cherche une étape le long de l’A6 entre Paris et La Grande-Motte, autre que les aires géantes de Beaune et Montélimar.

Nous, c’était juste notre point de départ pour 10 jours de randonnée sauvage dans le nord Ardèche, à contre courant de toute civilisation (mais on gardera ces jolis coins secrets !). Billets réservés sur internet, pas encore transpirants et presque encore bien rasés, les sacs au vestiaire, nous y voilà.

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Comme c’est désormais l’usage, l’ensemble du site est bien intégré à son environnement, avec une architecture tout en béton et en arêtes, à la fois discrète et monumentale. On chemine sur le gravier entre les différents bâtiments sous un soleil de plomb et au chant des grillons jusqu’à la galerie de l’aurignacien, prélude indispensable pour se mettre dans l’ambiance.

Pas un seul gardien de musée à l’horizon, tout est automatique et synchronisé comme à Disneyland. Film en 3D qui s’ouvre sur la galerie proprement dite, et on reprend les bases des époques préhistoriques, de la formation des grottes et de celles des gorges de l’Ardèche. Un peu plus loin, on tombe nez à nez avec un mammouth pas si impressionnant que ça, et qui fait même gringalet face au megacéros d’à côté (un genre de cervidé géant de 2 m. de hauteur avec des bois de 3,50 m. qu’on aurait pas aimé croiser dans une partie de chasse au propulseur). La galerie retrace aussi les origines de l’homme de la grotte Chauvet et son arrivée en Europe depuis le Moyen Orient, faisant disparaître Neandertal au fur et à mesure de son avancée. Bon préambule à la visite.

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Et puis on s’est enfoncé dans les entrailles bétonnées du bâtiment principal, cherchant un coin d’ombre au milieu de la foule qui, comme nous, patientait avant son horaire de visite. Un peu après l’heure dite, c’était à nous, et une jeune guide a emmené notre groupe un peu plus loin, dans un sas à la lumière tamisée. On était presque dans l’ambiance, jusqu’à ce que la porte de la caverne s’ouvre.

Déception. Qu’importe ce qu’on avait imaginé de beau, de serein et de mystérieux, c’est une foule de visiteurs entassés en serpentins sur des dizaines de mètres qui se déroule devant nous. Pour l’ambiance, on repassera. On repassera aussi sur la reproduction d’un éboulement « 10 fois plus petite que l’original parce qu’on avait pas la place », et sur l’interprétation douteuse d’une peinture aurignacienne comme un « singe à roulettes », car ce n’est qu’anecdotique.

Le plus décevant ne fut pas non plus les reproductions proprement dites, qui sont réellement extraordinaires, avec mention spéciale pour le dernier panneau qu’on pourrait regarder pendant des heures. Non, justement, c’est la visite au pas de course qui était un peu dérangeante. Chaque station est minutée, avec extinction de l’éclairage pour faire avancer ceux qui auraient l’indélicatesse de réfléchir un peu devant les fresques. Mais bon, il est vrai que réfléchir est difficile dans un bruit de foule métallique qui résonne comme un supermarché un jour de soldes. Vraiment dommage.

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De retour à l’air libre, on fait le bilan. Positif, car le fac-similé est à voir et à décrypter, à défaut de jamais pouvoir pénétrer dans la véritable grotte. Négatif, car on n’était sûrement pas dans le bon esprit, ni dans le bon moment pour faire la visite. Difficile de reprocher au Département de l’Ardèche, qui a financé le projet, de vouloir rentabiliser les deniers publics.

Après un passage obligatoire par la boutique, on a repris nos sacs au vestiaire, on regardé le grand parking se vider tranquillement en cette fin journée, et on a attendus presque seuls la dernière navette pour nous redescendre au village.

Quelques heures plus tard sur le GR, au sommet d’un petit raidillon de l’autre côté de la vallée, on a fait une pause en regardant le musée au loin. Alors on s’est dit qu’on y retournerait peut-être, mais plus tard, quand le buzz sera retombé, en hiver, en semaine, et hors vacances.

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PS : Les photos étant évidemment interdites à l’intérieur, on vous renvoie à l’excellent portfolio du Monde réalisé lors de l’inauguration de la réplique, par ici.


En plus

  • Le site de la caverne du Pont d’Arc : www.cavernedupontdarc.fr
  • La visite virtuelle et les ressources pour approfondir le sujet : lien
  • Le reportage grand format de 20minutes.fr : lien