[Escale à Marseille] Jour 2 – villages en Méditerranée

Un grand week-end à Marseille, capitale de la Provence et mégapole aux petits villages : trois jours de lieux incontournables, de calanques et de découvertes imprévues au fil de balades le nez au vent. Au deuxième jour, on prend la mer !

Il paraît que Marseille est bâti sur 111 villages. A voir le quartier Saint-Julien, on ne peut en douter. Sur une colline de Marseille, Saint-Julien a son église, son centre-ville, sa banlieue résidentielle, sa mairie (pardon, son bureau municipal de proximité), ses commerces, tabac-presse, bar PMU, coiffeur ou boucher-charcutier. Parachuté à l’aveugle ici, impossible d’imaginer que l’on est dans le 12e arrondissement de Marseille. D’ailleurs, Saint-Julien n’est même pas sur les cartes distribuées par l’office du tourisme.

Un autre « village » de Marseille est, lui, bien présent sur les cartes, et même largement promu. C’est l’Estaque. Le village inspira les peintres comme Georges Braque ou Paul Cézanne qui firent ici des séjours réguliers. Comme un fait exprès, le « sentier des peintres » tout balisé de plaques émaillées jaunes et de bornes reproduisant les plus célèbres oeuvres peintes « sur le motif » part du débarcadaire de la navette maritime du Vieux port. C’est le moyen de s’offrir l’air du large pour pas cher (la traversée coûte 3 €), et la vue de la ville depuis la mer est plus qu’appréciable.

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Du débarcadaire, on monte assez rapidement dans les venelles du village, appelées ici « traverses », qui passent entre les derrières des maisons et se faufilent dans de multiples petits escaliers. Quelques mètres plus haut, on arrive sur la place du village avec son église, ses bancs, ses arbres, ses petites maisons, son chat qui dort et son point de vue.

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Pendant une heure ou plus, on se laisse porter par l’ambiance de ce village (presque) préservé et par des points de vue forcément connus par les photos ou les peintures des impressionnistes. Au retour, on fait une halte devant l’autre incontournable de l’Estaque : l’une des trois dernières cabanes de Chichis traditionnelles, entourées d’une circulation toute marseillaise.

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C’est donc par la navette maritime que l’on a la plus belle vue du Vieux port, et du nouveau Mucem bien évidemment. On entre au musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (son nom complet) par le fort Saint-Jean, l’une des deux places fortes qui barrait l’entrée du port par une chaîne tendue dans l’eau. Anecdote historique, lors du sac de la cité par les espagnols en novembre 1423, ces remparts n’ont malheureusement pas pu retenir l’assaillant, et la chaîne qui barrait l’entrée du port se trouve encore aujourd’hui comme trophée dans une église de Valencia.

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Mais ce n’est qu’un des multiples épisodes de l’histoire du fort Sain-Jean, reconstruit, réaménagé au fil des siècles, des besoins et de son utilisation, ce qui en rend la lecture particulièrement compliquée. On remarque sa très belle galerie des officiers, ou sa « montée des canons » où les marches glissantes d’avoir été trop usées longent un plan incliné rainuré de haut en bas.

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En haut, la place d’armes domine tout Marseille, le front de mer et le tout nouveau bâtiment de l’architecte Rudy Ricciotti auquel elle est reliée par une passerelle en béton jetée d’un seul tenant au-dessus de la mer. Mais avant, il faut faire le tour de l’étroit chemin de ronde parcourant le fort pour découvrir les portions du jardin méditerranéen conçu comme un parcours de visite, en entrée libre toute la journée.

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On revient toujours à la place d’armes et à ses gradins de bois aménagés dans le talus intérieur, heureusement ombragé. Et c‘est forcément, mais non sans plaisir, que l’on emprunte la fameuse passerelle jusqu’au bâtiment J4, aménagé en bout de quai sur une île artificielle pour en renforcer la présence.

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La résille de béton fait son effet, le panorama aussi. On arrive au sommet du J4 par sa terrasse comme on arrive sur le pont supérieur d’un bateau. Une impression renforcée par le fait que, sur un côté, le restaurant du musée empêche toute vue sur la ville. Pour le regard, il n’y a donc que la Méditerranée qui s’offre à perte de vue à travers les découpages aléatoires du béton. Un bastingage en verre ne coupe pas la vue, il la renforce même.

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Des dizaines de fauteuils et de chaises longues en acier, de la même couleur que le béton, s’offrent librement sur le sol en bois. On soupçonne certains de passer toute la journée ici, à l’ombre de la résille qui diffuse la lumière du soleil de manière extraordinaire sur le sol.

Il faut longer le restaurant pour récupérer la coursive qui contourne tout le bâtiment en pente douce vers le rez-de-chaussée. Elle entoure les espaces d’exposition et donne un aperçu des coulisses du musée. À l’étage intermédiaire se trouvent les expositions temporaires. Au rez-de-chaussée, l’exposition permanente est consacrée aux civilisations de la Méditerranée. Sa conception à la fois chronologique et thématique rend le parcours parfois difficile à suivre, mélangeant les époques et les arts, dans un hommage au brassage multiculturel et au vivre ensemble. On y trouve même un morceau du mur de Berlin pour n’oublier personne, même loin de la mer !

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