Atomium 1958

Au nord de Bruxelles, sur le plateau du Heysel, se trouve le site de l’exposition universelle de 1958, du temps où ces grandes foires internationales portaient plus encore que les Jeux Olympiques les couleurs du pays organisateur. Construit pour durer six mois, l’Atomium est toujours debout, près de 60 ans plus tard.

1958. Alors qu’en France le général de Gaulle prépare la proclamation de la Ve République, que la crise de Berlin couve dans une Allemagne en pleine guerre froide et que Genève tente de faire cesser la prolifération nucléaire mondiale, la Belgique s’apprête à recevoir le monde. C’est en effet dans une Europe en pleine recomposition, que, le 17 avril 1958, s’ouvre la 26e exposition universelle, première de l’ère post-conflit mondial. Prenant le pouls de son époque, la manifestation propose à ses quelques 42 millions de visiteurs (!) de faire un « Bilan pour un monde plus humain ».

Comme souvent, les constructions de la foire n’étant pas destinées à entrer de l’histoire, beaucoup ont disparu. De la centaine de pavillons construits pour l’exposition, seuls restent aujourd’hui la grande halle d’accueil (déjà là pour l’exposition universelle de 1935), les pavillons américain et chinois.

C’était l’époque où chaque exposition avait son monument emblématique (avant d’être remplacé par une mascotte, autrement moins durable) : l’Atomium fut celui-ci. Et comme les autres symboles (on connaît par coeur l’histoire de la tour Eiffel), il était destiné à être détruit à la fin de la foire. Sauf qu’on le garda, bien que contrairement à la tour Eiffel, il ne servait à rien d’autre.
Un autre projet presque abouti a précédé l’Atomium : celui d’une immense tour de télécommunication, symbolisant la télé en plein essor. On a aussi pensé un temps construire une tour Eiffel inversée stabilisée par des haubans (ils sont fous ces Belges !). Finalement, ce fut l’Atomium, soit la molécule élémentaire du fer, qui a la particularité d’être un carré parfait, agrandie selon la légende 165 milliards de fois (mais son créateur lui-même admit avoir pris des libertés dans l’échelle pour rendre le monument plus beau et plus facile à construire).

Le diamètre des tubes comme des sphères procède également de considérations techniques pour faire passer les escalators (les plus longs de l’époque), afin que le visiteur ne se fatigue pas trop. Enfin, le fait le placer l’Atomium en équilibre sur un coin, s’il rendait l’entreprise plus ardue, donnait à la structure un aspect plus impressionnant et permettait de construire un ascenseur vertical filant à la vitesse record de 5 mètres par seconde vers la plus haute sphère pour observer le panorama (et y faire flotter la bannière belge).
Pour son inauguration, l’Atomium (dont le nom est la contraction de « atome » et « aluminum », le matériau dont il est fait, en vogue à l’époque pour ses caractéristiques inoxydables et sa légèreté), accueille l’exposition intitulée « Atome = Espoir » destinée à donner confiance dans l’énergie nucléaire (une grosse campagne cherchait alors à dissocier le nucléaire de l’image de mort d’Hiroshima).

Depuis sa restauration à grands frais en 2003, l’Atomium accueille une exposition permanente sur sa construction et l’exposition de 1958, ainsi que des expositions temporaires dans les deux dernières sphères visitables. L’exposition du moment, ou plutôt l’installation, est l’oeuvre de deux artistes qui jouent avec les LED pour symboliser le combat d’une intelligence artificielle contre un virus informatique qui l’atteint sans jamais l’achever. L’œuvre joue avec le structure de la sphère entièrement plongée dans une obscurité qui se veut angoissante. On plaint l’étudiant de service chargé de ramasser les épileptiques en crise, car le spectacle est sympa quelques minutes, mais finit par faire cligner les yeux !

On redescend au rez-de-chaussée pour prendre l’ascenseur vers le clou de la visite (si l’on peut dire), à savoir le panorama de la plus haute sphère. En ce début d’après-midi, comptez bien 40 mn d’attente (prévoir un bouquin) car l’ascenseur n’embarque qu’une quinzaine de personnes. Une fois en haut, la vue porte certes très loin, mais devait certainement être encore plus impressionnante en 1958 avec tous les pavillons autour.

Au premier plan, on trouve aujourd’hui les zones industrielles et commerciales des faubourgs, le parc mini-Europe situé au pied du monument, et le stade national du Heysel, resté tristement célèbre dans le monde du football pour la tragédie éponyme. Au second plan, c’est le domaine royal, avec ses hectares de forêts, parcs, châteaux, serres et plans d’eau.
Très loin au sud enfin, on distingue le centre-ville de Bruxelles, dominé par les hauts buildings en verre du quartier nord de la ville. On distingue également la silhouette massive du palais de justice perché sur sa colline au-dessus des Marolles.

Monter dans la plus haute sphère permet également de jouir d’intéressants points de vue avec les sphères inférieures… et de se faire peur en regardant en bas !


En plus

  • Le site officiel de l’Atomium : www.atomium.be
  • Le reportage de l’INA sur l’Expo 58 : www.ina.fr
  • Une base de données personnelle sur l’exposition universelle de 1958 : www.worldfairs.info
  • À lire : Sourire 58 (BD), par Patrick Weber et Baudouin Deville – Anspach 2018, 52 pages, 14,50 €